Le souvenir entre politique de la mémoire, mise en valeur de la culture et gestion des ressources
Tout souvenir est le résultat d?une forme de «politique de la mémoire», qui répond aux besoins de celui qui se souvient au moment où il se souvient; le souvenir est donc relativement indépendant du moment auquel il se réfère. Il est légitime de supposer que la mémoire collective se construit de la même façon. Faut-il, dès lors, considérer la mémoire comme un bien culturel ou comme une ressource ? ou les deux à la fois?
Le choix des informations conservées par les archives, qui contribue à former la mémoire de la société, est toujours influencé par le présent: nous archivons ce qui, aujourd?hui, nous paraît important (pour demain). Aujourd?hui, le but des Archives fédérales suisses est de garantir que les institutions et les personnalités politiques pourront à l?avenir assumer leurs responsabilités et rendre compte de leur conduite, en dotant par exemple la Confédération suisse des instruments lui permettant de répondre de ses choix politiques face à l?histoire, après l?expiration des délais légaux restreignant la consultation des documents. Les archives fournissent donc une base aux connaissances historiques de demain; elles constituent ainsi une ressource.
Le savoir que nous transmettent les archives reflète aussi des perspectives qui s?opposent, les différents intervenants y laissant leur trace. En outre, les documents d?archives conservent aussi les traces des personnes concernées par les décisions des autorités. Les archives ne se bornent donc pas à nous transmettre des images du passé: elles nous permettent aussi de jeter sur ces images un regard critique, de les remettre en question. Ainsi, elles apportent une contribution importante au débat démocratique. Les archives s?adressent à des citoyens responsables et autonomes, qui prennent la peine de se forger leur propre opinion. Elles nous transmettent une matière première; celle-ci doit ensuite être étudiée et analysée. En somme, les ressources gérées par les archives sont importantes pour la culture (au sens large du terme), puisqu?elles le sont pour le fonctionnement démocratique.
Image: Schweizerisches Bundesarchiv
Gedächtnis zwischen Erinnerungspolitik, Kultur- und Ressourcenbewirtschaftung
Jede Erinnerung ist Ergebnis einer je eigenen «Erinnerungspolitik», angepasst an die Bedürfnisse der Erinnernden zum Zeitpunkt des Erinnerns, folglich relativ abgelöst von dem der Erinnerung zugrundeliegenden Moment. Es darf angenommen werden, dass die Konstruktion kollektiver Erinnerung ähnlich erfolgt. Ist Erinnerung Kulturgut oder Ressource ? oder beides?
Archivische Überlieferungsbildung als Beitrag zu einem gesellschaftlichen Gedächtnis ist immer gegenwartsgeprägt: Wir überliefern, was uns heute (für die Zukunft) wichtig erscheint. Ziel ist, die Verantwortlichkeit und Rechenschaftsfähigkeit der Akteure zu gewährleisten, so dass beispielsweise die Schweizerische Eidgenossenschaft über juristische Fristen hinaus auch ihre politisch-historische Verantwortung wahrnehmen kann. Archive schaffen somit die Bedingungen der Möglichkeit künftiger Erkenntnis. Archivgut ist in diesem Sinne eine Ressource.
In der archivischen Überlieferung sind Wissen und Gegenwissen enthalten. Akteure hinterlassen in ihm ihre Spuren. Gleichzeitig finden sich im Archivgut auch Spuren der Handlungsunterworfenen. Archivgut liefert nicht nur Bilder der Vergangenheit, sondern ermöglicht gleichzeitig auch deren kritische Infragestellung. Es stiftet damit staatspolitisch-demokratischen Nutzen. Archive orientieren sich am autonomen, mündigen Subjekt, das sich der Mühe eigener Meinungsbildung unterzieht. Was Archive bewahren, ist Rohstoff. Dieser muss und will bearbeitet werden. Somit handeln Archive mit Ressourcen, die in einem erweiterten Sinne kulturell ? weil staatspolitisch ? bedeutsam sind.
Bild: Schweizerisches Bundesarchiv
Le souvenir entre politique de la mémoire, mise en valeur de la culture et gestion des ressources
Tout souvenir est le résultat d?une forme de «politique de la mémoire», qui répond aux besoins de celui qui se souvient au moment où il se souvient; le souvenir est donc relativement indépendant du moment auquel il se réfère. Il est légitime de supposer que la mémoire collective se construit de la même façon. Faut-il, dès lors, considérer la mémoire comme un bien culturel ou comme une ressource ? ou les deux à la fois?
Le choix des informations conservées par les archives, qui contribue à former la mémoire de la société, est toujours influencé par le présent: nous archivons ce qui, aujourd?hui, nous paraît important (pour demain). Aujourd?hui, le but des Archives fédérales suisses est de garantir que les institutions et les personnalités politiques pourront à l?avenir assumer leurs responsabilités et rendre compte de leur conduite, en dotant par exemple la Confédération suisse des instruments lui permettant de répondre de ses choix politiques face à l?histoire, après l?expiration des délais légaux restreignant la consultation des documents. Les archives fournissent donc une base aux connaissances historiques de demain; elles constituent ainsi une ressource.
Le savoir que nous transmettent les archives reflète aussi des perspectives qui s?opposent, les différents intervenants y laissant leur trace. En outre, les documents d?archives conservent aussi les traces des personnes concernées par les décisions des autorités. Les archives ne se bornent donc pas à nous transmettre des images du passé: elles nous permettent aussi de jeter sur ces images un regard critique, de les remettre en question. Ainsi, elles apportent une contribution importante au débat démocratique. Les archives s?adressent à des citoyens responsables et autonomes, qui prennent la peine de se forger leur propre opinion. Elles nous transmettent une matière première; celle-ci doit ensuite être étudiée et analysée. En somme, les ressources gérées par les archives sont importantes pour la culture (au sens large du terme), puisqu?elles le sont pour le fonctionnement démocratique.
Image: Schweizerisches Bundesarchiv