Bulletin NIKE 4/2020
Hériter de la culture Je suis une héritière culturelle. Quelle belle expression. Après tout, «hériter» signifie recevoir quelque chose en cadeau. Et mieux encore: la connotation négative qui peut être associée au mot «hériter» est absente dans le cas du patrimoine culturel. Ici, il ne faut pas que quelqu’un meure pour qu’on puisse hériter et même l’égalité des chances est respectée. Tout le monde hérite de la même chose et chacun reçoit autant. Vraiment? Les héritières et les héritiers ont-ils tous un accès égal à l’héritage commun? Ou certains d’entre eux en sont-ils privés, parce qu’ils n’en savent rien ou parce que, bien qu’ils en aient connaissance, ils ne savent pas «lire» cet héritage et ne perçoivent donc pas sa valeur, ou encore, tout simplement, parce qu’ils doivent travailler si dur pour gagner leur vie qu’ils ne peuvent même pas en bénéficier? L’accès au patrimoine culturel est un facteur important de la participation culturelle. De plus, cette participation implique de renoncer aux interprétations toutes faites et de supporter les doutes et les incertitudes, ce qui peut entraîner des confrontations, des moments de stupeur ou des frustrations, mais aussi favoriser l’enthousiasme et l’apprentissage mutuel. Participer signifie en outre prendre conscience de la responsabilité que l’on a envers les futurs héritiers et héritières de la culture et agir en conséquence. Si nous pensons que le patrimoine culturel est un bien commun auquel tous les individus ont droit à part égale, nous devons, en tant que société, être ouverts et prêts à apprendre comment mettre en place une participation qui ne soit pas seulement culturelle, mais aussi sociale et politique. Et nous devons accorder à ce processus d’apprentissage l’importance qu’il mérite, dans un esprit d’ouverture.