Des mesures minimalement invasives
Densification du bâti: comment minimiser les atteintes aux sites importants pour la culture architecturale?
Lorsque des bâtiments importants du point de vue de l?urbanisme ou de la culture architecturale doivent être transformés, les propriétaires et les responsables de projets sont confrontés à une mission particulièrement délicate: concilier les exigences de l?assainissement énergétique, celles de l?aménagement du territoire et celles de la conservation des monuments historiques. La complexité de la tâche est telle qu?il arrive souvent qu?on ne prenne en considération que certains de ces aspects, au détriment de la conception d?ensemble. Le centre de compétence Typologie et planification en architecture (CCTP) du département Technique et architecture de la Haute école spécialisée de Lucerne a développé, dans son projet «Mesures minimalement invasives (MikroMass)», un modèle de procédure visant à maîtriser ce problème.
Se basant sur des études de cas concrets, les chercheurs ont élaboré un schéma de base facilitant l?adoption de mesures «minimalement invasives», c?est-à-dire portant le moins possible atteinte au patrimoine bâti. Ce schéma ne se fonde pas sur des mesures isolées, mais sur la combinaison de différentes mesures constituant des projets de développement, qui atteignent des résultats plus satisfaisants. Dans le cadre des études de cas, on a cherché à acquérir une vue d?ensemble de la problématique et à réunir un large consensus. Les différents intervenants ont participé activement au développement et à la mise au point des projets. Cette approche a permis de dégager un modèle de procédure s?appliquant indépendamment des données concrètes du problème à résoudre.
La méthode mise au point dans le cadre de «MikroMass» consiste à procéder à des pesées d?intérêts qualitatives et à des estimations quantitatives avant d?entrer dans la phase du développement de projet; de cette manière, les différents intervenants peuvent s?entendre sur les objectifs à atteindre sans être déterminés par la logique interne du projet. Les travaux des chercheurs montrent en outre que les intérêts de la conservation des monuments historiques ont plus de chances d?être pris en compte s?ils sont associés à la défense d?autres intérêts, que ceux-ci soient de nature écologique, économique, sociale ou culturelle. Pour cela, on a besoin de processus qui ne préjugent pas des résultats, prennent en compte les intérêts des parties concernées et se fondent sur un travail interdisciplinaire.