Archéologicité du présent
L?archéologie des périodes récentes semble s?être durablement installée dans bien des pays européens, par exemple par le développement de l?archéologie de l?industrie. La poussée patrimoniale du tout garder s?etant confondue avec la volonté scientifique du tout observer. Malgré quelques réticences, il a semblé admis que la totalité du passé humain était susceptible d?être archéologique. Mais qu?en est-il du présent? Remarquons que vient d?être considérée une archéologie implicitement reconnue que s?il y a fouille ou observation similaire «de terrain», et s?appliquant à des traces, appartenant à des sociétés disparues. Si bien que tout l?aménagement de notre présent échapperaient à l?archéologie.
Cette restriction peut s?expliquer par l?histoire d?une discipline conduite à se spécialiser chronologiquement dans l?ancien. Si bien que l?archéologicité des choses tiendrait à leurs conditions de conservation et d?observation. Ce qui peut conduire à déclarer que «l?archéologie n?est pas une science, elle est une pratique». L?historiographie peut toutefois autrement nous éclairer: C?est en Sorbonne que va naître dans les années 70?80, une «archéologie générale», comme la science appliquée à des cas historiques d?une technologie décryptant les processus de fabrication et d?usage de l?artefact propres à l?homo faber. Dans cette perspective l?archéologie révèle dès lors une autre histoire, directement générée par un équipement technique.
Archéologique notre quotidien? Certes, mais selon «une archéologie autrement», avec ou sans fouilles, peu soumise à l?urgence de l?intervention, aux aléas de la découverte, riche d?une documentation moins souvent à rétablir qu?à critiquer, soumise en revanche ? comme toute recherche contemporaine ? à des règles strictes d?éthique dès lors que confrontée aux vivants, à leurs morts? et à leurs dieux.
Image: Christian-Paul Charniot/Afan