L?expérience de l?architecte: Exigences et processus de travail lors d?interventions dans un contexte historique
Lorsqu?un architecte est appelé à intervenir sur un bâtiment historique, l?expérience qu?il a de ce domaine est capitale: le savoir-faire acquis en travaillant sur des projets semblables constitue en effet une des conditions du succès de l?opération. Pour intervenir sur un élément du patrimoine architectural, il importe tout d?abord de procéder à une analyse du bâtiment, afin de se familiariser avec lui. Lorsque ce bâtiment est classé, les analyses effectuées fournissent les bases indispensables qui permettront de prendre les décisions stratégiques essentielles. En fonction de leurs résultats, l?architecte pourra en effet s?assurer le concours des collaborateurs pourvus des qualifications requises, prévoir les moyens de réaliser des recherches d?archives, des prises de vue du bâtiment, et des analyses et sondages, avant et pendant les travaux; il pourra également déterminer les ressources requises pour réaliser une documentation sur l?état du bâtiment avant les travaux, ainsi que sur les étapes de la réalisation du projet et son résultat final.
Dans le cas idéal, l?architecte prend contact rapidement avec le service des monuments et des sites, ce qui permet à ce dernier de lui offrir son appui en temps voulu, avec tous les instruments à sa disposition. Les conservateurs des monuments, véritables avocats du patrimoine architectural, disposent en effet de connaissances approfondies de l?histoire de l?architecture, des matériaux et des techniques artisanales historiques, ainsi que des méthodes de restauration, tout en comprenant les exigences du travail de l?architecte. L?architecte est créateur, mais aussi médiateur entre l?architecture contemporaine et l?architecture historique: il est constructeur, représentant d?entreprises, de l?économie et d?autres intérêts publics, mais il est aussi forcément doté d?une vive sensibilité pour les enjeux de la conservation du patrimoine. Le dialogue entre architecte et conservateur des monuments historiques requiert d?excellentes compétences professionnelles de part et d?autre, mais aussi un grand respect mutuel. Lorsque ce dialogue est fructueux, chaque partie est gagnante: la conservation du patrimoine, l?architecture et? le bâtiment concerné. Mais certaines évolutions actuelles compromettent ce dialogue: à la suite des restrictions budgétaires dont ils font l?objet, les services des monuments et des sites voient fondre leurs ressources en personnel spécialisé et, de ce fait, les architectes sont de plus en plus livrés à eux-mêmes. La réduction des prestations des pouvoirs publics en matière de conservation du patrimoine a donc des répercussions négatives sur la qualité des réalisations architecturales dans des contextes historiques.
Image: Heinrich Helfenstein, Zurich