Une liste ouverte pour des traditions vivantes
La réalisation d?inventaires du patrimoine culturel immatériel a prêté ? et prête toujours ? à discussion. Nul ne conteste qu?un inventaire permet d?attirer l?attention du public sur le patrimoine culturel et de mettre ce dernier en valeur. Cependant, dans la phase d?élaboration de la convention de l?UNESCO, des experts avaient déjà posé une question de principe: est-il possible de donner dans un inventaire une image fidèle du patrimoine immatériel, par essence éphémère?
L?inventaire à établir du patrimoine culturel immatériel de la Suisse devra remplir trois conditions essentielles: 1. Il faut qu?un tel inventaire puisse se développer et se modifier au fil du temps; initialement, il ne pourra en effet prendre en compte qu?une petite partie de notre patrimoine culturel immatériel. 2. Sa réalisation et sa mise à jour doivent être accompagnées et soutenues par des travaux de recherche, afin qu?il puisse s?appuyer sur une réflexion théorique portant sur la notion du patrimoine culturel immatériel. 3. Il faut que les richesses culturelles ainsi répertoriées constituent un panorama pluraliste, dont la représentativité puisse faire l?objet d?un débat de politique culturelle.
Lors de l?établissement d?un inventaire, il importe de prendre en considération tout à la fois l?aspect de la conservation du patrimoine culturel immatériel et ses processus de transformation. Ce sont donc des «traditions vivantes» qui doivent prendre place dans cet inventaire, des traditions qui, tout en s?inscrivant dans la continuité d?une histoire culturelle, sont aussi sujettes au changement, parce qu?elle font l?objet d?une pratique régulière.