Réflexions sur la conservation des biens culturels en politique
Lors de la 20e assemblée des délégués du Centre NIKE, le 25 avril 2008, le porte-parole du Conseil fédéral, Oswald Sigg, a tenu un discours sur la question de savoir ce que la politique pourrait apprendre de la conservation des biens culturels. Il a évoqué l’assainissement de l’aile ouest et de l’aile est du Palais fédéral, commencé il y a six ans, et la rénovation totale du bâtiment du Parlement, qui se poursuit depuis trois ans. Et constaté que le Palais fédéral devient quelque chose de beau, de nouveau et de contemporain, mais reste aussi quelque chose de respectable, d’originel. Ce contraste s’exprime dans la réapparition d’ornementations et d’une substance anciennes. Il tient compte de l’histoire et des prémisses politiques inchangés de l’État. Il restaure, comme le disent les architectes, l’ordre originel.
Au vu de cette conservation d’un monument, Oswald Sigg s’est demandé si elle est aussi pratiquée là où il en va de conserver l’acquis culturel du système politique. Quel programme de conservation existe-t-il pour la démocratie directe? Car ce système et ses fondements sont soumis à des changements.
Les droits politiques, le droit à l’initiative, le droit au référendum, le droit général, égal et secret de voter et d’être élu sont l’essence même de notre culture politique. Ils garantissent l’égalité des chances et une juste répartition des pouvoirs entre les citoyens. Mais on observe aujourd’hui que ce système a été commercialisé et qu’il est déterminé par l’argent. Les référendums et les initiatives sont devenus des instruments de marketing qui sont utilisés avec d’autant plus de succès qu’ils sont financés largement. La conservation des biens culturels a elle aussi besoin d’argent. Mais en politique, il faut veiller par une rénovation douce, comme un conservateur des monuments historiques, à ce que l’égalité politique des chances et des droits soit restaurée dans l’exercice des droits populaires.
Image: Boris Schibler/NIKE